Le dilemme du hipster

Ô barbe! Ô joues poilues! Ô menton velu!

N'ai-je donc tant fait pousser que pour cette tonsure?

Et ne suis-je fauché dans des huiles d'Abyssinie

Que pour me voir en un jour sans ces poils rougis?

Ma barbe, qu'avec respect tous les hipsters admirent

Ma barbe qui tant de fois m'a d'un coup fait vieillir

Tant de fois a piqué les joues de mon aimée

Chauffe donc mon visage, et me brûle durant l'été

O cruel souvenir de mon swag passé!

Oeuvre de tant de jours en un geste effacée!

Nouvelle pilosité fatale à ma fraîcheur

Lame bien aiguisée qui révèle ma douceur

Faut-il pour la chaleur faire triompher le glabre?

Avoir un visage imberbe et lisse comme le marbre?

Gilette, sois mon ustensile de rasage à l'eau:

Cette mousse n'admet point un homme sans blaireau;

Et cet après rasage, qui soigne mes coupures

Bien que Nivea, excite mes brûlures

Et toi, tondeuse trois têtes qui pivotent lentement

Mais d'un visage barbu inutile instrument,

Fer, jadis tant à craindre, et qui, dans cette dure tâche,

Me rase les pattes, le bouc, en plus de la moustache

Va, quitte désormais le verre de la salle de bain,

Passe, pour me raser, en de meilleures mains. 

aya borsig